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Les Télévoyages d’Amélie - Le peuple Rom

Les Télévoyages d'Amélie : Le peuple rom

article écrit par Amélie Latour

Les roms sont un peuple vivant dans divers pays du monde.

Drapeau du peuple rom

Carte avec en bleu les pays où l'on trouve des populations roms

Ce peuple possède beaucoup de dénominations, comme Tzigane, les gens du voyage, les Bohémiens et les Romanichels. Cependant en 1971, le premier congrès international des roms a défini que le terme à employer est le terme Rom et donc de ce fait il s'agira du terme que j'utiliserai dans mon article.

L'origine exacte des roms reste sujet à débat, on est sûr qu'ils viennent de l'Asie du Sud entre l'Inde et le Pakistan pour des raisons linguistiques.

Carte indiquant la position de l'Inde en Asie

Carte indiquant la position du Pakistan en Asie

Cependant, les roms n'ont gardé aucun réel lien avec leur terre ancestrale, ne réclamant aucune terre. Ils n'ont même aucune tradition parlant de cette terre d'où ils viennent. L'absence de tradition rappelant leur terre d'origine explique la difficulté que l'on a actuellement pour être sûr de leur origine exacte.

Certaines théories expliquent qu'ils faisaient alors partie de la classe des Doma (les batteurs de tambour).

Des éléments linguistiques prouvent que les roms ont été en contact avec les Arméniens aux alentours du 9ème siècle et vers le même moment (à un siècle près) avec l'empire byzantin, mais aussi qu'il est fort peu probable qu'ils aient quitté le sous-continent indien avant la deuxième moitié du premier millénaire.

Les roms partagent des liens génétiques avec les populations Pamiris dont nous avons déjà parlé, ce qui pourrait aussi indiquer une origine assez proche des montagnes du Pamir.

Carte indiquant la position des montagnes des Pamirs

C'est donc vers le 9ème siècle que les roms atteignent l'Europe, ils arrivent par les Balkans.

Carte indiquant la position de la péninsule des Balkans

L'origine du mot roms viendrait peut-être de cette période, étant peut-être une déformation du mot Romaios qui était utilisé pour désigner les membres de l'Empire byzantin (l'Empire romain d'Orient qui se considérait comme l'Empire romain).

Carte de l'Empire byzantin en 1025

En 1323, le franciscain irlandais Simon Simeonis décrit en Crète l'existence d'un peuple ressemblant à certains peuples du sous continent indien pratiquant le christianisme en suivant le rite orthodoxe grec. Ils étaient nomades et ne restaient jamais plus de 30 jours dans un lieu, habitant dans des tentes.

On dénote une description similaire sur l'île de Corfou par un prêtre allemand en signalant ici en plus l'utilisation d'une langue qui leur est unique.

Position de la Crète au sein de la Grèce

Position de Corfou au sein de la Grèce

En 1378, une loi est passée à Nauplie (en Grèce actuelle) garantissant une autonomie aux roms. Ce document de loi est l'un des premiers documents écrits faisant explicitement référence aux roms.

Carte montrant la position de Nauplie au sein de la Grèce

Vers le 14ème siècle,des études génétiques montrent que les roms avaient atteint la Bohême ( ancêtre de l'actuelle République tchèque)

Carte du royaume de Bohême au sein du Saint Empire Romain Germanique

Au 15ème siècle, ils avaient atteint les territoires de l'actuelle Allemagne, de l'actuelle Italie, de l'Espagne, de la France, de la Suisse et du Portugal. Et au 16ème siècle, la Russie, le Danemark, l'Écosse et la Suède. Ils sont arrivés à chaque fois par petits groupes de 40 à 200 individus, généralement juste pour faire des pèlerinages .

Les roms devant les portes de Berne

Portrait d'une jeune fille rome datant du 16ème siècle

Lors de leur arrivée à Paris, les chroniques notent que les Parisiens trouvent leurs manières et leurs habits miteux. Leurs pratiques de lire l'avenir sur les paumes des mains et de diseurs de bonne aventure font que l'Église cherche à les convaincre de quitter la ville.

Tableau d'une rome donnant la bonne aventure datant du 17ème siècle

Malgré cela, l'arrivée des roms est pleine de nuances. En effet, malgré des difficultés, les roms arrivent généralement à obtenir des lois les protégeant, leur permettant de ne pas être la cible de l'Inquisition par exemple. De plus ils acceptent la religion du pays où ils se trouvent, leur offrant de ne pas être trop mal vus. Leur artisanat et leurs talents musicaux sont aussi assez reconnus.

Ferronier rom, tableau du 19ème siècle

Tableau nommé Les trois Bohémiens de 1857

Jeunes bohémiennes datant de 1879

Cependant, à partir de la fin du 15ème siècle, de nombreux pays, de nombreuses fois, créent des réglementations pour essayer de les expulser. Ces réglementations auront un effet limité, montré par le nombre de fois où les gouvernements en feront. Tout cela, bien sûr, à nuancer : on cite le cas de Catherine la Grande, impératrice de Russie qui donne aux roms un statut supérieur aux serfs mais les empêche de vivre dans certaines parties de la capitale.

Catherine la grande, impératrice de Russie

Dans les principautés roumaines de Vallachie et de Moldavie, les roms obtiennent un statut de robie, traduit généralement par esclave, mais en réalité plus complexe, car en effet ils pouvaient être vendus où achetés mais pouvaient avoir des possessions, se marier et se racheter (de cette époque certains roms ont pris l'habitude de garder à découvert leur or et leurs bijoux pour montrer qu'ils peuvent se racheter). Ils ne pouvaient pas être punis sans l'accord d'un Pope (un prêtre chez les orthodoxes) et on ne pouvait séparer les familles sans l'accord des roms concernés. Contre une redevance à payer annuellement, les roms étaient également libres de partir où ils veulent. On peut néanmoins citer l'histoire de Ștefan Răzvan qui était un roms suivant ce système qui a fini par devenir Prince de la Moldavie. Ce système sera heureusement aboli au 19ème siècle.

Pièce à l'effigie de Ștefan Răzvan

En 1666, Louis XIV, le Roi-Soleil, décrète que tous les hommes roms doivent être envoyés aux galères sans procès.

Peinture de Louis XIV

Il confirme sa politique, le 11 juillet 1682 ordonnant la capture de tous les Bohémiens mâles et qu'on les envoie aux galères, que toutes les femmes romes soient rasées et les enfants roms envoyés aux hospices (aux orphelinats). Le Roi signifia qu'il confisquerait leurs biens aux Nobles qui offriraient asile aux roms.

Tableau de roms en Prison

Les Lumières sont généralement très hostiles aux roms, on peut lire dans l'encyclopédie à la partie Égyptiens (cela vient d'une vieille théorie qui disait que les roms venaient d'Égypte, théorie à l'origine du terme gitans) : espèce de vagabonds déguisés, qui, quoiqu'ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d'Égypte ni de Bohème ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage et leur corps, et se font un certain jargon ; qui rôdent çà et là, et abusent le peuple sous prétexte de dire la bonne aventure et de guérir les maladies, font des dupes, volent et pillent dans les campagnes.

Durant cette période, l'Espagne tente d'assimiler de force les roms en les forçant à abandonner leur langue et leur mode de vie sans succès.

Au 18ème siècle, les gouvernements cherchent surtout à les sédentariser. En Hongrie, on leur donne des terres, cependant beaucoup les revendent pour reprendre le chemin. De plus le romantisme apporte aux roms une vision d'un peuple libre et assez positive. Certains se sédentarisent tout en gardant leur identité propre, On peut citer, au 19ème siècle, des villages de Lorraine de roms sédentaires continuant de perpétuer leurs traditions et coutumes.

La dernière partie de leur histoire est très dure et donc si vous êtes sensible, vous êtes invités à ne pas la lire :

Photo d'une famille rom

Le 20ème siècle est une partie dure de leur existence, en effet, les pays souhaitent de plus en plus sédentariser leur population et imposent une réglementation très forte aux roms. Le 16 juillet 1912, le gouvernement français vote une loi obligeant les roms à avoir un carnet qu'ils tamponent à chaque déplacement. Cette loi est en vigueur jusqu'en 1969. En 1930, le gouvernement suisse planifie en 10 ans l'enlèvement des enfants roms pour les placer dans des familles d'accueil et des orphelinats, interdisant aux parents de retrouver leurs enfants sous peine de prison. Les Suisses stérilisent aussi de force les roms, pratique qui ne s'arrêtera qu'en 1972 en Suisse.

De 1915 à 1919, les roms d'Alsace-Lorraine vivant en France sont installés au camp de Crest sous divers motifs, tandis que les Allemands internes, ceux d'Alsace-Lorraine, sous prétexte que ce sont des ennemis civils.

Femmes romes au Camp de Crest

En Allemagne, le parti nazi met en place de nombreuses lois contre les roms, considérés comme inférieurs. Les roms seront envoyés avec les juifs dans des camps d'extermination. Cela provoque le génocide des tziganes, appelés porajmos par les roms, ce terme signifiant engloutissement en langue rom. Les roms ont également beaucoup participé à la résistance française, roumaine, polonaise et soviétique contre l'Allemagne.

Ce n'est qu'en 1982 que l'Allemagne reconnait le génocide des roms. On estime de 500 000 à 1,5 million le nombre de roms victimes de ce génocide.

Plaque commémorative à Rome envers les roms mort lors du génocide

En Roumanie, le gouvernement d'Antonescu, dictateur de la Roumanie durant la seconde guerre mondiale et pronazi, provoque le déplacement de 5000 roms vers les territoires de l'Ukraine conquis par les Roumains, ces derniers mourront alors de froid, de maladie et des tortures subies par l'armée roumaine.

Nous pouvons reprendre sur l'histoire plus agréable à lire

En 1967, les roms forment le Comité international tsigane qui se réunit pour la première fois à Londres en 1971. Durant ce congrès, le terme Rom est approuvé comme étant le terme à utiliser pour les désigner.

Ils se réunissent de nouveau à Genève en 1978, créant l'Union Romani internationale qui a un statut consultatif à l'ONU.

Le 31 août 1977, l'ONU sort une déclaration exhortant les pays «qui ont des Tsiganes (Romanis) à l'intérieur de leurs frontières à accorder à ces personnes, s'ils ne l'ont pas fait jusqu'ici, la totalité des droits dont jouit le reste de la population».

En 2000, à Vienne, un Parlement rom a été fondé.

En 2005, 9 pays de l'ancien monde soviétique et yougoslave (la liste étant composée de la Tchéquie, la Slovaquie, la Roumanie, la Macédoine du Nord, la Serbie, le Monténegro, la Bulgarie, la Hongrie et la Croatie) proclament la décennie de l'intégration tzigane, un projet visant à améliorer les conditions de vie des roms et d'aider à ce qu'ils soient mieux inclus dans la société.

En 2014, on dénotait 10 à 12 millions de roms en Europe.

Carte indiquant en Europe les pays avec une population roms avec selon la taille de l'emblème des roms, le nombre s'y trouvant

On peut également citer l'album de 1962 de Tintin, Les Bijoux de la Castafiore dans lequel Hergé (l'auteur de Tintin) critique le fait que les roms soient installés dans un bidonville et la vision que l'on a d'eux (ils sont accusés durant l'album d'un crime qu'ils n'ont pas commis). Le Capitaine Haddock les invitant à quitter la décharge où le gouvernement les avait forcés à s'installer pour qu'ils puissent vivre dans le jardin du château de Moulinsart

Extraits de l'Album

Portrait du Capitaine Haddock

Château de Moulinsart

Parlons maintenant un peu de la culture rome :

Les roms ont une culture extrêmement riche qui a influencé de nombreux aspects de nos cultures. On peut citer le flamenco, qui possède une certaine inspiration des danses romes.

Tableau de deux romes

Roms dansant dans les jardins de l'Alcazar en Espagne datant du 19ème siècle

Ils possèdent un grand nombre de danses et de musiques traditionnelles qui varient beaucoup selon le pays où ils se trouvent. Historiquement, ils étaient recherchés pour faire les musiques pour les cérémonies.

Rome avec une mandoline

Roms avec des instruments

Historiquement, les roms étaient également ce que l'on appelle des saltimbanques ou des artistes de rue, faisant des tours et étant aussi dresseurs de chevaux.

Les roms parlent la langue du pays où ils sont mais également la langue Romani, une langue Indo-Aryenne (une des langues liés aux autres langues Indo-européennes du Sous-continent indien)

Les roms sont généralement de la religion majoritaire du pays où ils sont.

Procession de roms catholiques à Malaga en Espagne lors de la semaine sainte

Les roms voyagent généralement dans ce que l'on appelle des Verdines, des roulottes qui leur permettaient de voyager.

Verdine de roms d'Angleterre

Tableau de Verdine de Van Gogh

Exemple de Verdine

L'intérieur d'une Verdine

Campement roms

Les Verdines sont richement ornées avec des symboles traditionnels roms.

Oiseau Traditionnel Rom

Lors de la mort du propriétaire de la Verdine, on brûlait sa Verdine et les possessions du défunt, ne laissant que quelques objets, comme des bijoux, de l'argent ou de la porcelaine, qui étaient laissés à la famille. Les roms ne vendaient aucune possession du défunt durant cet événement.

Voici maintenant quelques tableaux et photos pour que vous puissiez voir les tenues traditionnelles romes.

Tableau d'une jeune femme rome de 1897

Tableau intitulé Une Bohémienne rêveuse datant de 1860 à 1865

Les Princesses romes datant du 19ème siècle

Portrait d'un garçon rom datant de 1873

Mère rome en Hongrie en 1917

Femme rome en Hongrie en 1940

Ainsi se conclut cette épisode, j'espère énormément qu'il vous aura plu !